vendredi 20 septembre 2013

Réseau(x) de Vincent Villeminot

Il en est des lectures comme des relations humaines : certaines sont parfois plus difficiles à établir. Avec "Réseau(x)", c'est exactement ce que j'ai vécu. Une entrée en matière délicate qui m'a presque poussée à refermer le livre sans aller plus loin. Et puis, allez savoir pourquoi, on se dit que c'est bête, on s'accroche et on finit emportée. Ou presque.
Que puis-je en dire? Pour l'histoire, je ne peux que m'incliner devant la présentation qu'en donne le site Ricochet:

"Sur le réseau social DKB, DreamKatcherBook, on ne parle que de Cèsar Diaz, alias Nada#1, vingt ans et millionnaire d'Internet. Il a inventé les PIFR, Play It For Real, événements sauvages qui donnent corps, dans différentes villes du monde, à des épisodes connus de jeux vidéo. Cèsar nargue la police, faisant passer ses ordres à son équipe et ses fans par le biais de la partie nocturne de DKB, soit MDP, MyDarkPlaces, un lieu où l'on raconte ses rêves et ses cauchemars sous forme de textes, de vidéos... Nous suivons tout un ensemble de personnages liés au DKB, au départ pour des raisons différentes. Parmi eux la jeune Sixtine, [...], Maud, active participante à des grèves étudiantes, la commissaire Alice Kowacks de la brigade numérique chargée de surveiller le PIFR, et bien sûr Nada#1 lui-même [...]"
 
Un résumé qui, rendons à Cèsar ce qui appartient à Cèsar, reflète extrêmement bien la complexité qui attend le lecteur.
En effet, Vincent Villeminot a choisi de nous faire rencontrer ses personnages en nous plongeant dès les premières pages dans l'univers du réseau social DKB et ce, à travers les messages qu'ils postent à intervalles réguliers.
Ainsi faisons-nous connaissance avec Sixtine :
" 1. Rêve de Sixie. 9.30 a.m.

[ émis sur la page DKB/MDP SixieDREAMY.
T&P : amourette/meurtre/noyade
30 janvier, 09.30 a.m. ]

[ je suis dans une grande prairie herbeuse, quelque chose d'un paysage flamand, ciel mouillé mais lumineux, nuages hauts, soleil jaune. Je sens le bruissement du vent autour de moi, je porte une robe comme celle d'Autant en emporte le vent. Je tiens une ombrelle. Romantique en diable, la fille... [...] ]

Autant dire que pour le malheureux adepte du courrier papier, la lecture devient très rapidement ardue! D'autant que les personnages s'enchaînent au fil des articles publiés, sans liens apparents les uns avec les autres.
Et puis, à force d'entêtement, je suis arrivée à la page 75 et à l'entrée en scène du commissaire-stagiaire Alice Kowacks: brave petit soldat, fière de son métier et de ses aspirations! Quitte à saborder sa relation de couple et à en subir les conséquences. C'est grâce à Kowacks que je n'ai pas abandonné la lutte. Avec elle, j'ai repris pied. Avec elle, j'ai pris plaisir à me laisser aller au style efficace de l'auteur. En effet, Vincent Villeminot, s'il ne m'a pas facilité la tâche, a le mérite d'écrire remarquablement bien. Pas de lenteur dans le rythme, construction narrative audacieuse, manipulation du lecteur tout autant que des personnages. Car il leur en fait voir à ses personnages! Les intrigues se mêlent, s'entrecroisent, forment une sorte de gigantesque labyrinthe ( j'avais envie de dire réseau...) où la réalité se confond avec le rêve et le virtuel.
Où se cache la vérité dans cette masse d'informations que les personnages nous livrent, croient deviner, abandonnent pour un temps avant d'y revenir? C'est la question qui m'a agitée jusqu'au bout. Tout comme elle a agité Alice Kowacks...

Et donc, je suis arrivée à la fin. Avec le sentiment très net de n'avoir pas tout compris et de devoir sans doute relire une seconde fois ce livre de 448 pages.
Dois-je alors dire que je suis déçue?
Et bien non, et c'est là toute l'étrangeté de la chose.
Bien sûr les références à connotations "geek" m'ont bloquée dans mon approche de départ, bien sûr le nombre de personnages est étourdissant, bien sûr les différentes intrigues se mélangent tellement que je me suis perdue.
MAIS,
il y a le style.
MAIS,
il y a l'originalité du thème qui donne à réfléchir.
MAIS,
il y a le rythme.

Et puis surtout, il y a des personnages auxquels je me suis attachée. Contrairement à ce que j'ai lu chez d'autres blogueurs, ce ne sont ni Sixtine, ni Théo Chaplin, ni même Alice Kowacks qui m'ont séduite. Non. C'est le commissaire Abel Fanelli. Cet homme usé par la violence quotidienne qu'il doit affronter, par son sentiment d'avoir été un mauvais père et par ses efforts pour y remédier, même mal.
Cet homme-là m'a émue. Sans doute parce qu'il reflète une des grandes craintes que nous avons, nous parents : celle d'échouer auprès de nos "petits"...

"Réseau(x)" est à présent fermé sur mon bureau. Je ne l'ai pas rangé. Je sais qu'il m'attend et que je replongerai sans aucun doute dans ses pages.



Je remercie les éditions Nathan et Lire en live de m'avoir donné l'occasion de découvrir un auteur qui me faisait de l'œil depuis ses précédents romans "Instinct" ( tomes 1 et 2) vers lesquels je ne manquerai pas de me tourner dans un avenir proche.




 

 

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